RICHE DE LA LUCIDITÉ

« Heureux vous qui vous savez pauvres, car le Royaume des cieux est à vous ! » (Matthieu 5. 3)

De quelle pauvreté parle Jésus ici ? La Bible n’enseigne pas que la pauvreté est une vertu en soi. Le pauvre n’est pas plus près du Royaume que le riche à cause, ou grâce, à ses manques. En effet, le comble serait que la pauvreté devienne un mérite ! La misère ne garantit pas une meilleure ou une spiritualité plus sainte. Il est vrai que la Bible conteste celui qui met toute sa fierté dans ses biens, mais elle n’idéalise pas la pauvreté pour autant. Aussi est-il possible de résumer la pauvreté évoquée dans cette béatitude en parlant de l’état d’esprit de celui qui a un sentiment de totale insuffisance en présence de Dieu. « Voici ce qui m’intéresse, c’est le pauvre, le malheureux, celui qui écoute ma parole avec crainte et tremblement. » (Ésaïe 66. 2) C’est parce qu’il prend conscience de la Parole et de ses vérités que l’homme honnête et simple ne peut qu’avoir l’esprit abattu. Face à la sainteté de Dieu et face à ses exigences, nul ne peut rester debout et compter sur ses prétentions. Le vrai pauvre (en esprit) est celui qui fait taire tout orgueil personnel ; il sait qu’il n’est rien sans Dieu, qu’il ne peut rien faire qui soit réellement valable sans lui. Le vrai pauvre sait qu’il ne peut compter ni sur sa position sociale, ni sur ses acquis, ni sur ses capacités naturelles, ni même sur sa spiritualité, sa morale ou son intelligence. Le vrai pauvre est celui qui ne regarde pas à lui-même, mais à Christ. Plus il regarde Jésus, sa personne, sa sainteté, son humilité, son service  et le don de sa personne, plus il prend conscience de sa misère, de sa petitesse et de sa pauvreté. Mais, soudain riche de cette connaissance et de cette lucidité, le pauvre en esprit entre en possession du vrai trésor et de son inestimable grandeur : le Royaume de Dieu. À noter que Jésus atteste : « Le Royaume de Dieu est  à vous ! » ; c’est une chose acquisse dès maintenant. Osons nous dépouiller de nos prétentions pour saisir l’essentiel, au contraire du matériel.